lundi 26 novembre 2012

[REVUE] ETUI HOUSSE "COVER-UP" POUR LISEUSE CYBOOK ODYSSEY HD FRONTLIGHT



Comme promis, voici un petit retour concernant la housse que je viens de recevoir pour ma Cybook Odyssey HD Frontlight.
Je l'ai achetée ici pour 19 € port compris.


Marque : CoverUp

Matière : cuir véritablement synthétique ! Oui, attention aux descriptifs des housses de smartphones, tablettes et autres : il y est souvent question de cuir sans que la moindre peau de vache, de porc, de buffle et encore moins de crocodile entre dans sa composition. Ici, quand on lit le descriptif, on voit : "cuir véritable" puis "Extérieur en simili cuir / PU" (PU signifie PolyUréthane) puis encore "cuir nappa de haute qualité". Pour l'avoir entre les mains, il s'agit bien d'une véritable peau de skaï, ce qui se conçoit au vu du prix.
Livraison : par La Poste, en 3 jours ouvrés.


Les finitions sont propres, les coutures ne se défilent pas ni ne font de gros touillon à l'endroit du noeud.

La pochette se ferme à l'aide d'un rabat magnétique.



A l'intérieur, il y a 3 emplacements pour carte SD ou miniSD (pas de chance, l'Odyssey utilise une microSD), un emplacement pour glisser un éventuel carnet de notes (très fin, alors, proche de la feuille A4 pliée en quatre) et un passant où glisser un mini stylo ou un stylet (j'ignore si la liseuse accepte l'utilisation de stylet).

Comme on peut le voir ci-dessus, les découpes correspondent bien aux boutons physiques de la liseuse et l'étui n'empiète pas sur l'écran.

A noter enfin que la liseuse est maintenue dans son logement par une languette spéciale (qu'on ne voit pas sur la photo). Pas de risque qu'elle glisse, donc.


Bref, cet étui protège bien la liseuse, tant au niveau de l'écran que des angles (en cas de chute). Il permet aussi, lorsqu'on lit en format "portrait" (à la verticale) de tenir la liseuse comme on le ferait d'un livre ouvert.

Et même s'il ne s'agit pas de cuir véritable (je vais d'ailleurs protester sur le site d'Amazon pour la publicité semi-mensongère), le tout est d'un bon rapport qualité/prix.
Par comparaison, on pourra aussi aller voir l'étui "officiel" sur le site Bookeen, à 30 € + port, sur lequel les informations sont pour le moins succinctes (s'agit-il de cuir ?), mais qui existe en plusieurs coloris.

mercredi 21 novembre 2012

[REVUE] LA LISEUSE BOOKEEN CYBOOK ODYSSEY HD FRONTLIGHT


Voici un petit retour d'expérience sur la liseuse Bookeen Cybook Odyssey HD Frontlight qui vient de sortir et que j'ai reçue aujourd'hui. À noter que, malgré son nom, cette liseuse est conçue et dessinée en France (et assemblée en Chine, tout de même, faut ce qu'il faut).

Il s'agit d'une première approche : je découvre l'engin. Ce sont donc mes premières impressions. Si j'ai loupé des "trucs" techniques, n'hésitez pas à m'en faire part.

Je l'ai achetée sur le site Cultura.fr en précommande au prix de 129 €, frais de port compris.

Ses caractéristiques techniques : 
- écran 6" tactile multitouch HD 758 x 1024 
- wifi
- stockage interne : 2 Go
(pour plus de détails, voir ici)

l'ancêtre Opus en 5" à côté de la petite dernière Odyssey HD Frontlight
la différence de contraste est flagrante


Passons rapidement sur l'anecdotique : l'emballage.
La liseuse est livrée dans une boîte en carton rigide, assez costaud, rien de particulier à dire. Dans la boîte, on trouve : 
- la liseuse (ouf !)
- un câble de liaison USB-microUSB (pour le transfert de fichiers et le rechargement de l'appareil)
- un manuel papier inutile de 32 pages (dont 3 en français)
On regrettera de ne pas avoir de pochette où ranger la liseuse et la mettre à l'abri des chocs, poussières et autres incidents de la vie quotidienne. D'autant plus dommage que Bookeen fournissait cet accessoire (à mes yeux indispensable) avec son Opus.

La liseuse (16,5x12) fait à peu de chose près la taille d'un Livre de Poche (16,5x11). On l'a donc parfaitement en main. Sa faible épaisseur (moins d'1 cm !) devient presque un inconvénient, d'autant que la liseuse n'est pas vraiment faite en rondeur : autant l'épaisseur d'un livre de poche fait que celui-ci tient naturellement dans la main, autant ici faut-il "serrer", mais c'est le cas avec toutes les liseuses ou tablettes. Qui plus est, l'angle inférieur droit (pour un droitier) vient se "planter" dans la paume de la main, ce qui n'est guère agréable, même si l'inconvénient reste très relatif. Qui plus est, son poids plume (180 grammes) ne vient pas vraiment peser lourdement à cet endroit.

L'Odyssey HD Frontlight possède 4 boutons physiques : un de chaque côté de l'écran, pour "tourner les pages" naturellement sans bouger la main, le bouton étant judicieusement placé sous le pouce lorsqu'on tient la liseuse.
Un troisième bouton central permet d'appeler un menu d'options diverses.
Le dernier bouton physique est celui qui permet l'allumage de la liseuse. Malheureusement, il ne permet pas d'éteindre celle-ci, mais juste de la mettre en veille.
Pour éteindre la liseuse, il faut aller dans le menu, ce qui n'est pas du tout pratique, même si l'extinction totale de ce genre d'appareil n'est pas réellement nécessaire.

Au côté du bouton ON/pasOFF, on trouve un port pour une carte microSD (jusqu'à 32 Go !) et un port microUSB (pour le transfert de fichiers et le rechargement de l'appareil, donc)

L'interface utilisateur a été revue depuis les premières liseuses de Bookeen, et ça n'est pas un mal !
Une page d'accueil nous présente :
- le dernier livre vu (lecture en cours)
- un accès à la bibliothèque
- un accès à internet (grâce au wifi)
- un accès à quelques réglages

Je ne parlerai pas ici du wifi ni de l'accès à des ressources en ligne, étant contre cette pratique. Les récentes mésaventures d'utilisateurs de liseuses chez certains fournisseurs, qui ont vu fermer leur compte et de ce fait disparaître leur collection d'ebooks, me semblent être une raison suffisante. De surcroît, surfer sur le net à l'aide d'un appareil non sécurisé, qui plus est pour effectuer des achats en ligne, ne me semble pas non plus être l'idée du siècle. Sans doute suis-je devenu paranoïaque... ça ne serait pas autrement étonnant, depuis le temps que je bidouille.

La connexion par câble :
Windows 7 a parfaitement installé le driver et Calibre a bien reconnu l'appareil.

La bibliothèque : 
Elle permet de classer les ebooks par titre, par auteur, par éditeur, par taille de fichier, par date de fichier, par nom de fichier ou par chemin de fichier.
Elle n'affiche par contre que 5 titres par page, avec un aperçu de la couverture, le titre, l'auteur, l'éditeur, la date et le poids du fichier.

mise à jour du 22 novembre : Contrairement à ce que j'ai indiqué ci-dessus par erreur, la bibliothèque - en passant par le menu - peut afficher plus de 5 livres par page : on peut passer à 10 livres (avec moins d'informations) ou à 20 avec uniquement le thumbnail de la couverture et le titre écrit en toupiti en dessous. 

Pas d'affichage de résumé, hélas.
Une fois de plus, la gestion d'une grosse bibliothèque (plus de 1000 titres) risque d'être problématique. Avec une moyenne de 500ko par ebook en epub, les 34 Go permettent de stocker plus de 70 000 ebooks. À quoi bon, si on ne dispose pas des outils nécessaire à leur bonne gestion ?

mise à jour du 22 novembre : Un bon point tout de même au gestionnaire de la bibliothèque. En effet, il permet à la bibliothèque d'afficher le contenu du stockage (mémoire interne ou carte microSD) dossier par dossier !
Ainsi, si je paramètre Calibre pour qu'il envoie les livres sur la liseuse avec cette commande : /{author_sort[0]}/{author_sort}/{title} mes ebooks seront classés par nom d'auteur répartis dans des dossiers nommés d'après l'initiale des dits auteurs (ex : l'ebook "Les Misérables" sera envoyé automatiquement dans un dossier /H/Hugo (Victor)/ )
Du coup, la recherche sur la liseuse en sera grandement facilitée.

À mon sens, l'utilisation d'une carte microSD est totalement inutile n'est pas indispensable sur ce genre d'appareil : les 2 Go de la mémoire interne sont largement suffisants pour un usage normal, la véritable bibliothèque étant elle stockée sur un ordinateur avec les logiciels de gestion ad hoc. Je choisis ce que je veux lire sur mon ordi (où de surcroît j'ai potentiellement accès à des métadonnées supplémentaires telles que le résumé), je transfère sur la liseuse et hop ! le tour est joué.

mise à jour du 22 novembre : La Cybook Odyssey HD Frontlight de chez Cultura (c'est peut-être différent ailleurs, cela dépend des accords passés entre constructeur et distributeur) est livrée avec plus d'une centaine d'ebooks au format epub. 40 seulement sont en français, les autres étant en anglais, allemand, italien et espagnol. Sur ces 40 ebooks, 19 sont des classiques (Les Fleurs du Mal de Baudelaire, Les trois Mousquetaires de Dumas, Le Rouge et le Noir de Stendhal, etc.). Les autres sont extraits du catalogue de l'éditeur Bragelonne, donc plutôt orientés Fantasy pour adolescents et SF. Il s'agit le plus souvent du tome 1 d'une série à suivre.

mise à jour du 24 novembre : Sur la mémoire de la liseuse, on trouvera aussi un manuel d'utilisation complet, qui précise notamment certaines manipulations pratiques. Le lire est une bonne idée, cela évite ainsi d'écrire des bêtises sur son blog et de devoir ensuite les biffer ;-)

La lecture :
Grosse déception pour ma part, mais cela ne devrait pas gêner beaucoup de monde (au contraire, même, peut-être) : la lecture en mode "paysage" est impossible ! J'adore lire sur un format horizontal, je trouve cela plus reposant pour les yeux (ils vont moins souvent à la ligne). Ici, pas moyen (ou alors je n'ai pas trouvé le "truc"). Lecture "à la française" obligée, donc.*
Autre "inconvénient" : l'écran tactile. S'il n'est pas hyper-sensible, il n'empêche que l'effleurer entraîne un changement de page ou le déclenchement d'une option. Il n'y a pas moyen de le déconnecter en mode "lecture", puisqu'on a besoin du tactile pour revenir à la page d'accueil ou à la bibliothèque ou pour lancer les options. Bon.
Le fond d'écran est d'un gris très pâle, les caractères sont très bien dessinés (écran HD), le contraste est assez élevé (davantage que sur l'Opus), il ne devrait donc pas y avoir de fatigue oculaire à la lecture (je n'en avais déjà pas sur l'Opus, soit dit en passant).
Le multitouch de l'écran permet, selon le procédé déjà connu sur les tablettes et smartphones, de pincer les doigts pour abaisser la taille des caractères, ou de les ouvrir pour augmenter la taille des caractères, sans avoir à passer par les options.
Enfin, le passage d'une page à l'autre se fait très rapidement, sans le traditionnel "flash" de rafraîchissement.

Les options
Outre le retour à l'accueil ou l'accès direct à la bibliothèque, les options permettent d'aller à la librairie en ligne (sans commentaire), d'activer la Frontlight ou d'accéder à un menu.
Il est particulièrement regrettable de devoir faire autant de manipulations pour "allumer la lumière" !  Il faut appuyer sur le bouton d'options, cliquer sur Frontlight, cliquer sur "activation" puis cliquer sur la croix pour fermer l'onglet des options ! Et idem pour éteindre ! Là où un simple interrupteur ferait très bien l'affaire... Parfois, on se demande... Les concepteurs, ils sont vraiment si... enfin... Bon, bref !*
L'intensité de la Frontlight est réglable sur 20 niveaux... le niveau 20 est franchement violent (AAAAAAAAAAAAAAHHHHHH MES YEUUUUUUUUX !!!!), le niveau 7 me convenant mieux (mais je suppose que ça doit dépendre de la vue de chacun).

mise à jour du 22 novembre : le niveau 7 convient de jour (en contre-jour par exemple). De nuit, le niveau 2 est très largement suffisant.
À noter que, lorsque la Frontlight est allumée (ce qui donne bien une lumière blanche et non bleuâtre comme on peut le voir sur certaines photos) et qu'on passe en veille, elle s'éteint automatiquement. Lorsqu'on réutilise l'appareil, la Frontlight ne se rallume pas automatiquement.


mise à jour du 23 novembre : petite mésaventure cette nuit, lors d'une insomnie dont j'ai voulu profiter pour bouquiner.
Je rappelle que pour activer la Frontlight, il faut appuyer sur le bouton physique "Options", puis tapoter l'icône lampe puis cocher la case "activation".
Question stupide aux concepteurs de la liseuse : comment fait-on cette manipulation lorsqu'on est dans le noir complet ?*

Le menu permet d'atteindre la table des matières (si elle existe), la 1ère ou la dernière page, ou encore une page donnée par son numéro.
Il permet aussi de modifier la taille des caractères (de "tout petit genre le paragraphe qu'il ne faut pas lire dans le contrat d'assurance" à "tellement grand qu'il n'y a que 2 mots par ligne et 6 lignes par page"), de changer de police (7 polices possibles), d'accéder à diverses options dans l'affichage du texte (césures, ligatures, justifications, mode nuit à savoir caractères blancs sur fond noir, etc.) et de faire des annotations (gestion des signets, du surlignage, prise de notes).
Le menu est aussi accessible directement en tapotant au centre de l'écran..

Voilà un rapide survol de la bête...
Pour conclure, je dirais que la Bookeen Cybook Odyssey HD Frontlight est d'un excellent rapport qualité/prix et permet de longues heures de lecture sans fatigue oculaire particulière, de jour comme de nuit.

Inconvénients majeurs : 
- pas de housse (on en trouve certes à partir de 13 € port compris sur Amazon, mais ça n'est pas une raison ! Au contraire, même !)
- pas de lecture en format paysage (problème qui ne doit toucher que moi)*
- pas de système d'affichage des métadonnées des ebooks (avoir accès au résumé du livre pourrait être utile, par exemple)
- les arêtes et les angles, peu agréables au toucher
- l'absence de dictionnaire*

Atouts majeurs :
- la lampe (indispensable pour les insomniaques comme moi)
- la qualité de l'écran HD
- la taille et le poids
- la simplicité d'utilisation

* mise à jour du 24 novembre : voir le 1er commentaire ci-dessous

mercredi 14 novembre 2012

ET GLOU ET GLOU ET GLOU...



Si l'internet est un robinet d'art et/ou d'information, aux côtés de l'eau et de l'électricité, pourquoi ne pas payer un abonnement ?

Nous payons bien une redevance audiovisuelle pour des programmes (souvent) indigents que nous ne regardons/écoutons pas...

Alors, pourquoi pas 150 ou 200 € par an et on télécharge ce qu'on veut, comme on veut ?...

mardi 13 novembre 2012

EXTRAIT DE MON PROCHAIN ROMAN (parution début 2013)


VII - SED LEX

D'où je suis, mon champ de vision s'étend loin, jusqu'à un horizon agreste fait de labours de terre lourde, de haies basses à baies rouges et jaunes où piaillent en s'ébattant de minuscules oiselets, d'essarts que des chèvres grasses achèvent de défricher. À l'est, à trois lieues environ, les quelques fermes du hameau de Cramchaban laissent échapper de minces rubans de fumée blancs, comme cherchant à se faire haler vers l'éther par les lourds cumulus qui broutent l'azur.

Le petit homme roux, lui, est assis par terre, négligemment appuyé contre la souche d'un vieux saule, à la croisée des chemins. Les yeux mi-clos, il attend calmement son heure, le chuchotement feuillu d'une vague brise l'attirant doucement vers le sommeil. Il ne lutte pas contre l'engourdissement. À quoi bon ? Il a tout son temps. Et moi aussi. Chaque goutte de clepsydre est une langue moqueuse tirée à l'existence.

Il y a peu encore, il taillait une tige de roseau, cueillie au bord du bief, pour en faire un pipeau. À la suite de quoi, il en tira une note discordante qui fit fuir un grand héron gris, non loin. Il gloussa un rire satisfait. Une longue perche verdâtre, récupérée dans l'épave d'une barque quasi immergée, gisait dans l'herbe, à portée de sa main.

Le soleil se coucha dans le lointain, inondant de son sang doré le flanc des collines. La chevelure de l'homme prit des allures de braise incandescente. L'ombre des gibets s'allongea démesurément et bientôt l'astre disparut à l'horizon. Dans cet entre-deux qui précède le crépuscule et où frayent les deux mondes, je me mis à remuer un peu. Un vent frais se levait du nord-est.
Le rouquin, intrigué, ouvrit un œil pers et, avec une économie de gestes proche de la paresse, me donna un coup de perche. Il hocha la tête d'un air entendu.

« Trop tôt... fit-il simplement. Demain, peut-être... »

Il se leva en soupirant et disparut derrière un bosquet où d'épais ronciers étreignaient quelques vergnes jaunissants. J'entendis renâcler et le bruit sourd des sabots sur le sol. Il revint bientôt, portant sur l'épaule une paire de fontes de selle d'un cuir du même incarnat que son doublet. Il tira de la sacoche un bout de lard séché qu'il entreprit de mâcher avec application. Nulle faim ne vint me tirailler la ventraille, mais lorsqu'il se rinça le gosier du long trait de vin clairet qu'il fit jaillir de sa gourde en peau de daim, je pris conscience de ma soif, puissante, brûlante, déchirante comme la paire de tenailles rougies dans la pogne du bourreau... et surtout inextinguible ! Depuis quand étions-nous là, lui, moi et ma soif ? J'avoue avoir perdu toute notion du temps.

Bientôt, il se roula dans sa cape de drap carmin, se cala la tête sur ses fontes et s'endormit, insensible à l'humidité qui montait de la terre et commençait à former un léger brouillard.

Ce n'est pas tant que la nuit ou le jour passent vite, en ce qui me concerne. J'ai bien conscience du déplacement des astres dans le ciel, mais je n'y prends garde. Seule n'existe que ma soif. Seul le sang versé par la vengeance l'étanchera.

Il est étrange – amusant, presque – que deux hommes animés de raisons si diamétralement opposées en viennent à attendre le même instant avec chacun cette sorte d'impatience molle, qui agace les nerfs, mais pour laquelle on sait qu'il n'est aucun remède. Le moment est inéluctable : attendons.

Le corps étendu à mes pieds est légèrement gras, tiède, plein d'eau, salé sans doute... J'écoute la respiration régulière et légèrement sifflante de celui qui dort l'âme paisible. Et je rêve de l'instant où mes doigts rapaces enserreront sa gorge pour une dernière étreinte, pour un dernier regard d'yeux révulsés, nonobstant la cornaille, pour un dernier baiser de crocs. Adieu ma soif !

Des lambeaux épars me reviennent de mon passé récent. Il me semble encore entendre mes cris ; je clamais en pleurant mon innocence tandis que le bourreau me passait le chanvre au col. Dans la foule, au pied de l'estrade, un petit homme au poil roux, tout de rouge vêtu, me souriait gentiment. De ses doigts gantés de noir, il roulait une pierre imaginaire entre le pouce et l'index, puis faisait mine de la gober. Comment était-ce possible ? Il savait ! Il avait combiné tout cela, mon arrestation, mon jugement pour le moins expéditif... mon exécution !

Maintenant il est là, au pied du gibet où je pendille et il attend patiemment de pouvoir m'ouvrir le ventre. Mais il est une loi qu'il se doit de respecter, qui stipule qu'il est interdit de dépouiller un pendu, ce jusqu'à ce qu'il tombe...

Je sens mes tendons se relâcher... Ma langue est une corne noire et sèche, mes orbites sont vides, mes mains plus qu'os et peau. Je viens. Prépare-toi à m'accueillir, petit homme, Odon le Lapidaire a soif de ton sang... J'ai soif !

HL - 13/11/12

lundi 5 novembre 2012

SUPPRIMONS LES AYANTS DROIT !


Le problème des droits d'auteurs n'est pas tant un problème d'auteurs que d'ayants droits. Voici un extrait de l'interview d'Eugénie, petite-fille de Jacques Prévert et seule ayant droit, par Hervé Pauchon.

Hervé Pauchon : Est-ce que c'est difficile d'être la petite-fille de Jacques Prévert ?
Eugénie : Oh oui... oui, je pense, c'est beaucoup le... enfin... c'est le cas de beaucoup de personnes qu'ont des parents qui sont célèbres, c'est pas euh, c'est pas facile.
HP : Je peux avoir votre prénom ?
Eugénie : Eugénie.
HP : Eugénie. Qu'est-ce que vous faites ? A part être la petite-fille de Jacques Prévert ?
Eugénie : Eh ben euh... déjà, c'est pas une chose en soi, enfin moi je d'être la petite fille ça n'a aucun j'ai aucun mérite à être la petite-fille de Jacques Prévert. Moi, j'suis peintre... peintre, plasticienne... Voilà... Et puis après je suis surtout "ayant droit". Parce que petite-fille, c'est un peu vaste. J'suis ayant droit d'Jacques Prévert, j'suis la seule descendante, donc euh, je gère euh les droits, donc euh... C'est pour ça qu'il y a une structure ici qui s'appelle "Fatras" et c'est pour ça que... voilà, que les livres peuvent se faire, que des choses euh...
HP : Eh bien justement, je me demandais... Combien ça représente, les droits de Jacques Prévert, par an, comme ça ?...
Eugénie : Ben ça représente... euh, les droits "livres", ça représente 50 000 €... Après ça représente, euh, une année, euh... 300 000 €, une année euh... normale, et puis 400 000 si y a plein de choses qui se croisent... Voilà, c'est pas... Et puis c'est surtout la, la chanson en fait, qui... avec les "Feuilles mortes"...
HP : Ah oui, à chaque fois que les Feuilles Mortes passent, c'est...
Eugénie : Voilà, mais au final ça fait des droits d'auteur qui sont confortables pour des auteurs.
HP : Quels souvenirs vous avez de votre grand-père ?
Eugénie : Alors moi, j'ai vraiment très peu de souvenirs, j'ai un peu des souvenirs un peu fugaces, après c'est vraiment ce que... ce que ses amis m'ont vraiment apporté en me parlant de lui, voilà, après au contact aussi de son oeuvre... Je suis ayant droit depuis très longtemps, depuis que j'ai onze ans, donc euh...
HP : Vous aviez quel âge quand il est décédé ?
Eugénie : Moi, j'avais euh... 3 ans.

Voilà donc une jeune femme qui touche entre 300 et 400 000 € par an du travail d'une personne qu'elle n'a pour ainsi dire jamais connue et dont elle n'a pas de souvenir. Au moins a-t-elle l'honnêteté de l'avouer : elle n'a aucun mérite à être la petite-fille de Jacques Prévert !

Alors... Et si on supprimait les ayants droit ? Après tout, ils ne créent rien, voire empêchent la création, ils ne sont pour rien non plus dans le processus de création de l'oeuvre dont ils "détiennent" (dans le sens carcéral ?) les droits...
Qu'un auteur, un créateur vive de son art, rien de plus normal. Mais est-il normal que son fils, son arrière-petite-fille, son cousin ou pire son agent ou son éditeur s'engraissent d'une rente artistique à laquelle ils n'ont pris aucune part ?