jeudi 10 janvier 2013

LA FERME !



Mon cher Benoît,

Pour autant que je sache, la France n'est plus la fille aînée de l'Église depuis un temps si éloigné que même la beauté de Lurette s'est fanée ;

Pour autant que je sache, la France a démocratiquement voté un principe de séparation de l'Église et de l'État, faisant d'elle une République laïque, un État de droit et non de foi ;

Pour autant que je sache, tu n'es pas Français, ne vit pas en France, et représente même une nation étrangère, ce qui pourrait laisser à penser - les gens sont méchants -  que les personnes travaillant pour toi - à vil prix, soit dit en passant, et au mépris de bien des législations sociales - sur le territoire français sont en fait des « taupes » à toi acquises, travaillant jour après jour à saper l'autorité du gouvernement et agissant à grand renfort de propagande tels des lobbyistes sans vergogne - d'aucuns parleraient peut-être même de « traîtres », mais je ne les suivrai pas dans cette voie ;

Pour autant que je sache, la foi - tout à fait légitime - qui t'anime ne regarde que toi et ceux qui souhaitent te suivre dans ta croyance ;

Pour autant que je sache, la foi religieuse s'exprime en chaque homme et femme selon des profondeurs et amplitudes allant du zéro absolu à l'extase délirante et hallucinée, profondeurs et amplitudes qui sont propres et intimes à chacun ;

Pour autant que je sache, tu n'envisages pas de passer devant Monsieur (ou pis, Madame !) le maire pour t'unir par les liens sacrés - mais néanmoins civils - du mariage ;

Pour autant que je sache, les vœux que tu as faits t'empêchent d'avoir ne serait-ce que le début du commencement d'une relation sexuelle, ce que certains analystes n'hésiteraient d'ailleurs pas à qualifier de perversion ;

Pour autant que je sache, en France, les personnes mécontentes de la politique menée par le gouvernement ont le droit de voter pour d'autres candidats aux élections suivantes ;

Pour autant que je sache, nul n'interdit à qui que ce soit de suivre les préceptes auxquels tu crois, et il se trouve que tu disposes - pour partie sur les deniers du peuple français, dois-je le rappeler ? - de nombreux lieux destinés spécifiquement à ce prosélytisme, lieux qu'on appelle « églises » ;

Pour autant que je sache, il n'est nullement question d'obliger qui que ce soit  - croyant ou non - à avoir des relations homosexuelles forcées ;

Alors, s'il te plaît, lorsqu'il est question d'étendre les droits du mariage civil aux personnes de même sexe sur le territoire français, je te le dis, à toi et à tous les prêtres à qui tu prêtes voix à la radio, à la télévision et dans la presse, du simple fait que vous n'êtes ni compétents ni concernés, avec tout le respect que je vous dois : « la ferme ! »


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